Le bleu remonte un peu vers le ciel
il n’y a que toi pour le voir
tu m’enseignes la langue heureuse des nuages
tu voudrais déposer une ligne sur notre horizon
je tremble car
je sens déjà ton cœur se déployer en moi
Le bleu remonte un peu vers le ciel
tu lis dans mon regard
la nuée d’incertitude qui s’agite
tel un vol d’étourneaux
ton corps est si vaste
que je m’y perds encore
quand la nuit vient
je prends tes mains pour m’éclairer
la lune s’agrandit
fait scintiller notre peau
nos caresses deviennent miroirs
au loin le cri du hibou nous berce
et nos vies passées s’estompent
à l’aube compatissante
Nous nous sommes racontés
par petites bribes
avons fait connaissance
en escaladant le ruisseau
et remontant le courant
nous avons longé les rives
assoiffés
nous nous sommes abreuvés
à nos joies nocturnes
Le soleil du matin absorbe le ciel
seul le vert perdure
dans tes yeux
et dans les herbes
un corbeau a trouvé
les miettes déposées la veille
tu marches nu dans le champ
et me rapporte la rosée du petit jour
dans le lit chaud se sont blottis
nos corps et nos rêves nouveaux
J’ai apprivoisé le corbeau
à présent il ne me fait plus peur
il picore sur la nappe du petit-déjeuner
je discerne enfin notre horizon
parchemin d’or le long de tes veines
sur ton dos il s’achève sur mes seins
y devient si translucide
que nous ne pouvons déchiffrer
la fin de notre histoire
Résignés au moment présent
nous nous baignons de sourires
le corbeau s’est envolé
les étourneaux se sont endormis
tes pupilles se fondent dans la forêt
je regarde la ligne bleue de l’horizon
les nuages se sont tus
ils passent sans bruit
sur notre amour naissant.
Texte : Émilie Bruguière
Illustration : Coline Sauvand
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