J'ai déposé les miettes de pain
au pied de l'arbre
avec mes larmes
et mes couteaux tirés
en espérant que les oiseaux
emportent le tout
dans la chaleur de leurs plumes
j'ai déposé ainsi mes armes
mes trophées
mes illusions
avec les miettes de pain du petit déjeuner
parce que çà faisait trop lourd à porter
les provisions pour l'hiver
les souvenirs
tout ce que l'on ne s'est pas dit
tous les mots restés en suspend
vois-tu, je les porte encore en moi
alors tu ne m'en voudras pas
si fatiguée, je dépose tout cela
au pied de l'arbre
je laisse aux oiseaux
les mots que je ne te dirai jamais
avec les miettes de pain
et nos souvenirs.
Texte : Émilie Bruguière
Illustration : Crows in a new sown field, Per Adolfsen, 2019.
Comments